samedi 29 décembre 2018

Savenay 1914-1918

Savenay 1914-1918

Mémorial pour une jeunesse décimée


Pour commémorer la fin de la Grande Guerre, Françoise et Yannick Boucaud ont rédigé cet ouvrage « Savenay 1914-1918, histoire d’une jeunesse décimée », édité par l’UNC de Savenay. C’est le projet d’un couple d’érudits qui partagent la même passion. 

Mais si l’ambition est historienne, comme l’annonce le titre, le résultat est avant tout mémoriel. D’où ce « mémorial », non au sens de monument commémoratif, mais de trace écrite de ce qu’on ne veut pas qu’on oublie, véritable « monument aux morts virtuels » de la Grande Guerre pour Savenay. Une telle occasion, celle de la commémoration du centenaire de la Grande guerre, ne se représentera pas de sitôt ! D’ici là, la mémoire des Poilus ne sera plus nécessairement à l’ordre du jour. Le plus grand mérite de l’ouvrage est donc son riche ensemble de données brutes qui peuvent servir à de futurs chercheurs sur l’histoire de Savenay pour cette période. C’est un impressionnant travail de fond cherchant l’exhaustivité. Cet objectif est probablement atteint, tant le travail est rigoureux et précis.

Les auteurs établissent des listes non seulement des morts savenaisiens (104) à la guerre, mais exploitent les tables mémorielles de l’église, de l’ancienne mairie et de l’École normale. Et, pour faire bonne mesure, la liste des 328 soldats et infirmières américain(e)s décédé(e)s à l’hôpital américain de Savenay de 1917 à 1919 est même donnée. Cette partie, à la limite du hors-sujet, traduit surtout la prégnance que la présence américaine exerce sur l’historiographie et les commémorations Savenaisiennes, depuis les travaux pionniers de Camille Hussenot sur le sujet, il y a maintenant 20 ans, en 1988.

Des pages fort intéressantes concernent l’analyse de ces statistiques aussi rigoureusement établies. L’excellent tableau de la page 59, nous indique que sur les 684 conscrits savenaisiens qui ont fait la guerre (75,33 % des recensés), 114 sont morts au combat, soit 16,67 % de ceux qui ont fait la guerre, 17,11 % ont été blessés et 5,85 % seulement ont été faits prisonniers. S’agissant de ces 104 Savenaisiens, plus ou moins jeunes, majoritairement de 20 à 30 ans, morts à la guerre (XI, 56-60). on y apprend que 75 ont été tués au combat ou sont décédés suite à leurs blessures. Les chiffres de morts par année (1914 : 15 ; 1915 : 29 ; 1916 : 26 ; 1917 : 16 ; 1918 : 17 ; 1919 : 1), fournis sans commentaire, dans une évolution identique à celle des communes voisines, traduisent un bougé de la guerre (de « mouvement », de « tranchée », de « position » ou de « percée », etc) qui n’est pas du tout évoqué, signe d’un manque de contextualisation générale empêchant de comprendre pleinement ces chiffres. Plus des deux tiers de ces morts ont entre 20 et 30 ans (69%). Si 58 habitaient en ville, 45 exerçaient des métiers agricoles. Leurs notices individuelles sont inégalement développées, de 4 lignes à une page illustrée et documentée.

Pour atténuer l’aspect austère des longues listes de noms, l’iconographie trouve heureusement sa place comme souvent avec Yannick Boucaud, pas toujours référencée toutefois. Des documents et extraits s’insèrent également, mais sans qu’un fil conducteur ne relie véritablement le tout. Vu l’ampleur de la matière, on peut aussi regretter un format et des caractères un peu petits qui ne facilitent pas la lecture.

Au total, un ouvrage très soigné, utile pour longtemps, qui répond cependant davantage au « devoir de mémoire » qu’aux exigences du travail du « métier d’historien » selon Marc Bloch (1)

Boucaud Françoise et Yannick, Savenay 1914-1918, histoire d’une jeunesse décimée, Ed. UNC, Savenay, 2018
 

(1) Marc Bloch historien médiéviste renommé, juif résistant, fusillé à la fin de « l’autre » guerre mondiale du XXe siècle, dans « Apologie pour l’histoire, ou métier d’historien », ouvrage posthume de 1949.

Compte-rendu rédigé par Jean-Yves Martin et Ronan Pérennès

mardi 18 décembre 2018

Si vous ne savez toujours pas quoi offrir à Noël ...

Aubrée, F., Bouvet, C., Havard, F., Legrais, A., Yziquel, J.; 14-18, Hommes et femmes du Pays de Châteaubriant, HIPPAC, Châteaubriant, 2018, 288p.


L'équipe de la Société historique du Pays de Châteaubriant (HIPPAC) a publié, à l'occasion de la semaine du souvenir (début novembre 2018), un ouvrage sur la Grande Guerre dans le Pays de Châteaubriant. Le premier but de cet ouvrage est de témoigner pour aider à faire comprendre la participation des habitants de la région à la guerre, les hommes au front, beaucoup de femmes à l’arrière. Le front et l’arrière, éloignés géographiquement, y sont vécus de façon intime et complémentaire. Le second objectif est de dénoncer l’horreur de la guerre, certes au front, mais aussi à l’arrière.

Ce n'est donc pas un ouvrage froid sur la Grande Guerre, mais un livre très riche en témoignages et en émotion. Grâce aux lettres retrouvées et publiées dans ce livre, on peut suivre les itinéraires de quelques personnages, très touchants, tels Félix Sudre ou encore François Laumaillé, pour ne citer qu'eux.

Les deux premières parties (« Au front », « À l’arrière, au Pays de Châteaubriant ») sont composées à partir de témoignages d’hommes et de femmes de la région, et de documents des archives départementales et municipales. Elles visent à mieux comprendre la globalité de la guerre, des combats au front à la mobilisation générale à l’arrière, à partir d’exemples. Il n’y a pas d’analyse générale de la guerre, mais des présentations et des études portant sur des personnes ou des groupes de personnes.

Au front : les exemples concernent presque tous les types de poilus ayant connu le front en France, à partir de lettres qui n’ont pas été censurées, mais aussi de journaux de guerre. Presque toute la panoplie des actions de guerre : des récits de batailles, de combats et la vie dans les tranchées, un journal de guerre d’un poilu fantassin qui devient ensuite un « as » de l’aviation, l’engagement des religieux, le récit d’un prisonnier évadé d’Allemagne, des soldats en colère en gare de Châteaubriant au moment des mutineries de 1917, un gars de Nozay fusillé pour l’exemple. Beaucoup de témoignages d’horreur, mais aussi d’amour et de tendresse envers les êtres chers.

À l’arrière : toutes les forces de la région sont mobilisées dans cette guerre « totale ». L’exemple de l’action d’un maire (La Meilleraye-de-Bretagne) montre comment toutes les activités d’une commune dépendent plus ou moins de la guerre. Mais il y a aussi Mélanie la fermière, l’importance des meuniers, les usines Huard et Franco de Châteaubriant reconverties en usines d’armement…

Une troisième partie concerne la mémoire. Elle est centrée autour d’une analyse des monuments aux morts de la région. Certains méritent d’être mieux connus aujourd’hui, en particulier la lanterne des morts de Fercé, monument original et rare, d’autant plus intéressant qu’il est bien documenté par le « Livre d’or » de la commune. Le second est la cloche « Souvenir » de La Grigonnais, unique dans la région, sur laquelle sont écrits les noms des soldats morts pour la France.

Au total, il s'agit encore d'un « beau » livre, richement illustré, sur la souffrance, mais aussi sur l’espérance des hommes et femmes du Pays de Châteaubriant pendant la Grande Guerre.

Renseignements pratiques


Ouvrage de 288 pages, format à l’italienne (26 x 22 cm), reliure cartonnée avec couverture pelliculée. Impression quadri, papier mat satin 150 g. Édition : octobre 2018.
Prix public : 35 euros. Prix adhérent : 30 euros. Port en sus. Pour avoir des précisions : voir page « Nous contacter ».

samedi 1 décembre 2018

Bientôt, une nouvelle publication à Savenay

Le Couvent des Cordeliers de Savenay 1419-2019

Archéologie, mémoire et histoire d’un patrimoine

L’équipe de rédaction

L’équipe de rédaction de cet ouvrage a été constituée d’érudits locaux et de professionnels de l’histoire à partir du groupe de l’AHLS (Association d’Histoire du Lycée de Savenay) qui a précédemment travaillé sur l’histoire des bâtiments du lycée Jacques Prévert, ex-École Normale, dont le livre « Savenay : Jeune lycée, vieux murs 1912-2012 » (AHLS, 2012) a obtenu le prix d’histoire de la société Académique de Nantes et de la Loire Atlantique en 2013. Elle était alors composée de Yannick Boucaud, président de l’association, Odette et Paul Guibert, également membres des Amis de l’Histoire de Savenay, Jean-Yves Martin et Ronan Pérennès, l’un fondateur du premier groupe d’histoire locale à Savenay, en 1985, le second initiateur de l’AHLS en 2007.
Pour travailler, cette fois, sur l’histoire du Couvent des Cordeliers de Savenay, elle s’est assuré le concours de nouvelles compétences : celles d’Alice Prissard, ancienne directrice des services de la mairie de Savenay, meilleure connaisseuse des dossiers savenaisiens récents, et de Fabien Le Roux qui a conduit les recherches archéologiques de l’INRAP sur le site du couvent en 2017 et dirigé la rédaction du rapport à ce sujet (INRAP, 2017).
L’équipe ainsi constituée sur cet objectif précis et unique a pris le nom de Groupe Ad’hoc 2019, atelier d’historiens pour un ouvrage sur le couvent en 2019. Ses membres sont donc les suivant(e)s :
  • Yannick Boucaud, AHLS (Association d’histoire du lycée de Savenay)
  • Odette Guibert, AHLS et Amis de l’Histoire de Savenay
  • Paul Guibert, AHLS et Amis de l’Histoire de Savenay
  • Fabien Le Roux, archéologue, responsable scientifique des fouilles de l’INRAP en 2017
  • Jean-Yves Martin [coordinateur], agrégé d’histoire et géographie, AREMORS et AHLS
  • Ronan Pérennès, professeur certifié, AHLS et Amis de la Forge de Moisdon-la-Rivière
  • Alice Prissard, ancienne secrétaire générale des services de la ville de Savenay

De gauche à droite : Solène Bourrigault (Mairie, culture), Fabien Le Roux (INRAP), Paul et Odette Guibert (Amis de l’Histoire de Savenay), Yannick Boucaud (Pdt AHLS), André Klein Maire de Savenay, Jean-Yves Martin (AHLS, coord.).
Manquent sur cette photo : Alice Prissard (ancienne SGS de Savenay) et Ronan Pérennès (AHLS)

L’ouvrage

Environ 180 pages, 8 chapitres chronologiques, une quinzaine d’encadrés zoomant sur une date, de nombreuses illustrations (photos, fac-similés, estampes, cartes et plans...), la plupart inédites, pour un prix que nous souhaitons le plus accessible possible. Parution prévue au second trimestre 2019, à la veille de la commémoration des 600 ans du couvent des Cordeliers.
Nous avons certes largement bénéficié des travaux et ouvrages précédents des historiens locaux : François Ledoux (1875), Camille Hussenot-Plaisance (2001) et Jacques Javayon (2008). Nous nous efforçons de rendre compte le plus fidèlement possible dans notre ouvrage de la grande qualité de leurs propres recherches et publications. Mais, au fil de ses 8 chapitres largement inédits, il revisite le sujet selon quatre volets successifs :
  • Archéologique : en l’absence quasi totale d’archives, toute la longue période pré-révolutionnaire est l’objet d’une approche archéologique comparative, issue des travaux de l’INRAP en 2017, qui permet de bien mettre en évidence les caractéristiques propres de l’ancien couvent.
  • Mémoriel : sa mémoire est largement inscrite dans les tensions consécutives à la période révolutionnaire, aux doubles traumatismes de l’année 1793, insurrection de mars et bataille de Savenay en décembre. Au choc initial de la Révolution contre l’Église, succède le conflit durable entre montée républicaine et regret de l’ancien régime monarchique et catholique.
  • Historique : à la lumière de la place du couvent dans l’histoire locale, l’ouvrage revisite ensuite les apports respectifs des érudits locaux et des historiens.
  • Patrimonial : ne pouvant écarter les toutes dernières décennies de ces 600 ans, l’histoire « immédiate » des débats récents, parfois vifs, autour de la réhabilitation municipale de ce patrimoine conclut l’ouvrage.
Groupe Ad’hoc 2019
Communiqué de presse du 13 novembre 2018


P.-S.

Appel à documents et à témoignage :


| Le contenu de l’ouvrage n’étant pas encore intégralement et définitivement arrêté à ce jour, vous invite à témoigner : pour tout envoi de témoignage, photo ou document - si possible inédits - le groupe Ad’hoc 2019 peut être contacté à l’adresse : couv.cord.savenay@gmail.com