dimanche 28 février 2016

Christian Bouvet, "Châteaubriant au Moyen Âge, des origines à la fin du XVe siècle", HIPPAC, 2015

Une nouvelle publication de l'HIPPAC, la société historique du Pays de Châteaubriant.


Cet ouvrage sorti récemment (décembre 2015) apporte un regard nouveau sur l'histoire de la ville de Châteaubriant. Les derniers écrits sur l'histoire de la ville remontent aux travaux de l'abbé Charles Goudé, qui lui-même se basait sur des écrits datant de 1619 ! Un renouveau était nécessaire.

Le livre retrace l'histoire de la ville au Moyen-Age, depuis sa création, jusqu'à la chute de cette place-forte bretonne aux mains des français en 1488. Il est important de noter qu'il n'existait pas jusqu'à ce jour d’ouvrage spécifiques sur l’histoire de Châteaubriant au Moyen Âge. En dehors de quelques articles très fouillés et très importants dans des revues, les ouvrages sur Châteaubriant s’attardent surtout, pour cette période, sur les seigneurs, et ils sont aujourd’hui largement obsolètes puisque tous s’inspirent plus ou moins de l’étude généalogique d’Augustin Du Paz publiée en 1619. De cette manière, pas mal d'éléments, jusqu'alors confus, sont rétablis, précisés et expliqués dans cet ouvrage.

La matière de cet ouvrage repose presque exclusivement sur une richesse documentaire très fragmentée et dispersée, analysée notamment à partir des principales problématiques qui structurent le renouvellement fondamental et récent de l’histoire de la Bretagne.

Cet ouvrage met en valeur au moins cinq points
- le rôle fondamental de Béré dans l’origine de Châteaubriant,
- la naissance de la ville étalée sur plus de deux siècles,
- le renouvellement de l’histoire des seigneurs de Châteaubriant,
- l’importance fondamentale du siège de la ville en 1488 par l’armée royale, enfin,
- l’organisation de la ville et la présentation des principaux traits des habitants à la fin du Moyen Âge.

Cet ouvrage est ce qu’on appelle un « beau livre », tout en couleurs, 300 pages, en grand format. Plus de 200 illustrations, puisant largement à la richesse iconographique du Moyen Âge (et pas uniquement castelbriantaise) sont présentées, sans oublier les tableaux généalogiques et les plans.

Toute personne cherchant des informations sur l'histoire de Châteaubriant au moye-nâge trouvera beaucoup d'éléments de réponse dans cet ouvrage. Beaucoup de détails y sont présentés, parfois au risque de perdre le lecteur dans la généalogie des seigneurs, très détaillée, mais aussi naturellement complexifiée de par les nombreux jeux d'alliances. En effet, cette histoire des seigneurs de Châteaubriant est complexe et doit être mise en contexte avec celle des seigneuries environnantes, car il ne faut pas oublier que nous sommes dans une zone de marches, donc dans une zone stratégique et un espace de contacts. Sur ce point, ce livre est une excellente synthèse.

Il s'git du premier tome d'une longue série, car un autre volume sur l'histoire de Châteaubriant de la Renaissance à la Révolution devrait voir le jour d'ici 2017. Puis, deux autres volumes (un sur la Révolution et un sur le XIXe siècle) sortiront d'ici quelques années.

Pour ce qui concerne les sorties prévues à l'HIPPAC en 2106-2017 : 

- « Châteaubriant – Histoire et patrimoine », un petit ouvrage de 32 pages en couleurs, vendu 8 euros, allant à l’essentiel sur la présentation du patrimoine historique de la ville. Sortie en mars 2016.
- « Le temps autrefois dans la région de Châteaubriant », ouvrage collectif des membres de l'HIPPAC. Sortie en novembre 2016.
- « Châteaubriant de la Renaissance à la Révolution », le deuxième volume de l’histoire de Châteaubriant, sortira en 2017.
- Sortie d’un ouvrage sur Jules Huard, écrit par Christian Bouvet, en relation avec une exposition sur le personnage au moment de la Toussaint 2016. Publication de l’Association Huard Burzudus.


Ce livre a été présenté par son auteur lors d'une conférence le premier décembre 2015. En voici le résumé, qui, je l'espère, vous donnera l'envie de lire le livre :

Résumé de la conférence

1. Quand et comment naît la ville de Châteaubriant ?
1.1 Avant Châteaubriant existe Béré dont le peuplement est d’origine celtique, au centre d’une vaste clairière largement défrichée. Vers l’an mil, Béré est une petite cité bruissante d’activités agricoles, artisanales, commerciales, autour de son pôle religieux (un sanctuaire carolingien disloqué, accaparé par des laïcs) et sa nécropole.
Avant 1050, sur des terres de l’Église de Nantes, Brient crée une seigneurie châtelaine dont le chef-lieu est son château auquel il donne son nom. Un nouveau noyau de vie sociale naît dans et autour du château : Castro Brientii.
1.2 Au XIe siècle, la famille de Brient s’associe à la grande abbaye tourangelle de Marmoutier pour asseoir sa domination et ses possessions. L’abbaye possède le prieuré Saint-Sauveur, la paroisse Saint-Pierre, un bourg à Béré, et les moines sont aussi titulaires de Saint-Jean Baptiste jusqu’au début du XIIe siècle.
Entre 1100 et 1150, l’évêque de Nantes, en lien avec les seigneurs de Castro Brientii et en accord avec Marmoutier, affirme son pouvoir sur Saint-Jean Baptiste. La beauté de la nouvelle église illustre la puissance des pouvoirs de Marmoutier et des descendants de Brient.
Au XIIIe siècle, le pouvoir des moines de Saint-Sauveur décline. La paroisse Saint-Pierre est rattachée à la paroisse Saint-Jean Baptiste, le bourg des moines disparaît. Le poids démographique et économique de Béré s’amenuise progressivement à l’heure où le bourg castral devient une ville.
1.3 Le bourg castral naît d’une progressive séparation du château et des habitations d’une population croissante. L’essor de Castrobrientii résulte de la politique de peuplement du pouvoir seigneurial, de la protection du château, du dynamisme démographique des campagnes voisines, des activités artisanales et commerciales, des divers chantiers de constructions… La richesse produite et l’attrait des activités attirent de nouveaux habitants. Le seigneur en tire puissance et fruits.
1.4 Au XIIIe siècle, le bourg castral de Castro Brientii devient une ville avec son église seigneuriale, ses halles, l’installation des moines Trinitaires, l’élévation de l’enceinte de pierre, des fonctions de pôle urbain, un siège de doyenné. Les bourgeois du castrum constituent une communauté maintenant soudée par une véritable identité. Le chemin allant du château à Béré devient l’axe du bourg, la future Grant Rue.

2. Quels sont les principaux caractères des seigneurs de Châteaubriant au Moyen Âge ?
2.1 La Maison aînée de Châteaubriant devient l’une des plus puissantes familles seigneuriales de la Bretagne. La longue lignée dure du milieu du XIe siècle à 1383.
Le lignage monte en puissance grâce à une remarquable politique d’alliances familiales, qui permet la constitution d’un formidable patrimoine de seigneuries en Bretagne, en Anjou et dans le Poitou.
Une politique d’équilibre savant de fidélités aux ducs de Bretagne et aux rois de France favorise des réseaux entrecroisés sur des terres relevant de la couronne ducale et de la couronne royale. Ces réseaux constituent le socle de la puissance familiale, et leur centre, Châteaubriant, ville bretonne, est situé au cœur de la Marche.
2.2 De 1383 à 1499, les seigneurs de Châteaubriant appartiennent à la Maison de Dinan-Montafilant, qui, comme les principales familles de la haute aristocratie bretonne, doivent composer avec les évolutions des institutions ducales et de la politique royale vis-à-vis de la Bretagne.
Françoise de Dinan, baronne de 1444 à 1499, en est une représentante type mêlant étroitement les intrigues, la politique et ses affaires personnelles.
Entre Bretagne et France, Châteaubriant « paie » très cher l’attitude de volte-face de sa baronne lors du siège d’avril 1488 : le démantèlement de l’ensemble fortifié s’ajoute à la dramatique situation de la population plongée dans la guerre.

3. Comment se présente la ville de Châteaubriant en 1500 ?
3.1 Des plans de la ville sont présentés, avec les principales problématiques qui se posent sur l’organisation de la ville close.
3.2 En 1500, à l’aube de temps nouveaux, Châteaubriant est un ensemble très structuré qui perdure pratiquement tel quel jusqu’au XIXe siècle.
Châteaubriant associe de plus en plus un pôle humain et un centre d’activités à la puissance de la famille de Laval.
La fonction militaire, hier essentielle d’une place forte de la frontière, fait place maintenant à un « nœud » de l’armature urbaine de la Marche.
En 1500, le renouveau à Châteaubriant annonce l’« âge d’or » de la ville au XVIe siècle.



Renseignements pratiques
● Ouvrage de 300 pages, grand format (30 x 24 cm), reliure cartonnée avec couverture pelliculée. Impression quadri, papier mat satin 150 g. Édition : décembre 2015.
● Prix public : 35 euros. Port en sus. Pour avoir des précisions : www.chateaubriant-histoire.fr

1 commentaire: