dimanche 5 juin 2016

Un ouvrage sur l'internement des Tsiganes au camp de la Forge

Dans Ouest France

Passionnée par la Seconde Guerre mondiale, la Nazairienne Émilie Jouand a présenté samedi son ouvrage La concentration des nomades en Loire inférieure.


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Émilie Jouand était au musée de La Forge, samedi après-midi, pour présenter son ouvrage La concentration des nomades en Loire inférieure. Ce livre est le fruit de ses recherches sur l'internement des Tsiganes, principalement au camp de la Forge, dans les années 40.

Cette Nazairienne se passionne pour la période de la Seconde Guerre mondiale. Lors de ses études, alors qu'elle compile des archives récemment mises à jour sur les fusillés de Châteaubriant, elle découvre par hasard l'existence du camp de La Forge. « Jamais je n'avais entendu parler de cela! » Elle décide de consacrer son mémoire à ce thème.

En 1940, de connivence avec les envahisseurs allemands, les gendarmes du gouvernement de Vichy ont ordre d'arrêter tous les nomades, considérés comme des citoyens dangereux. Outre Rhin, le génocide des Tsiganes a déjà commencé... En Loire Inférieure, on les amène à La Forge à partir du 7 novembre 1940. Ceux qui ont leur roulotte y séjournent, les autres s'entassent dans les bâtiments délabrés. Le seul aménagement consiste en une clôture de barbelés. On dénombre 222 internés le 30 novembre 1940. Ce nombre montera jusqu'à 345 le 27 février 1941.

Une histoire passée sous silence

Les conditions d'insalubrité sont insoutenables : six enfants en bas âge mourront entre le 10 janvier et le 26 février 1941. Dans le froid et la boue, tout manque : ravitaillement, chauffage, vêtements.

En mars 41, les nomades sont transférés au camp de Choisel à Châteaubriant. Ils réintègrent La Forge en septembre de la même année. Ils y resteront jusqu'à la fermeture du camp, le 13 mai 1942. Malgré des libérations, ils sont encore 257. On les emmène à Mulsanne (Sarthre), puis à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). Certains finiront au camp de Jargeau (Loiret), qui ne sera fermé définitivement que le 31 décembre 1945.

Cet internement des nomades fut longtemps passé sous silence. Le travail d'Émilie Jouand vise à faire connaître et reconnaître ce pan de l'histoire locale, à la résonance nationale. Aujourd'hui, on classe ces victimes dans la catégorie des internés politiques. Pas vraiment approprié...



Une exposition du travail d'Émilie Jouand, initiée par l'ADGVC 44 (Association départementale des gens du voyage citoyens), est visible à La Forge. On peut commander l'ouvrage auprès de l'ADGVC44, 68, rue de la Haluchère 44 100 Nantes. Contact. Tél. 06 23 56 78 53 ; adgvc44@gmail.com

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