mardi 15 décembre 2015

Notre Drame des Landes

Dernières valises avant expulsion - Billet d'humeur


afp.com/FRANCOIS GUILLOT
La COP 21 vient de s'achever, on nous parle d'un "accord historique", d'un petit marteau en bois (ressemblant étrangement à un jouet pour enfant) qui “pourra faire de grandes choses”(voir à ce sujet cet article)... Ceux qui me connaissent savent que je suis opposé à cet aéroport depuis toujours, mais dans la perspective d'écrire quelque chose d'objectif, il faut recadrer le débat. Et force est de constater que cela est très difficile... encore plus sous le coup de la colère.


Et déjà, les premières dissonances se font entendre.

Dissonances car s'il faut réduire l'émission des gaz à effet de serre, il parait quand même opportun de maintenir la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes. Je vous laisse découvrir ici les calculs sur l'impact écologique de l'avion sur la couche d'ozone : http://www.consoglobe.com/aviation-tombe-tete-2348-cg. Je ne parle même pas des espaces agricoles détruits, de ce bocage du Nord-Loire qui est menacé (car il y a l'emprise au sol des bâtiments et des pistes, mais dans 25 ou 30 ans, qu'en sera-t-il avec les centres commerciaux et les hôtels qui fleuriront partout ? Et l'actuel aéroport, lui, ne sera pas reconverti en terres agricoles)

Dissonances également, avec la reprise des expulsions sur le terrain après une période d’accalmie. Accalmie justement parce que l'on pensait que la COP21 et les élections régionales feraient en quelque sorte “se décanter” la situation. Même si sur le terrain, il existe (ou a existé) un certain nombre de personnes venues des quatre coins du monde pour des raisons douteuses, cela ne doit en rien décrédibiliser la lutte de ceux qui se battent pour le maintien de leur cadre de vie

Voir à ce sujet, l'article Ouest France du 15 décembre 2015 :
C'est devenu l'un des arguments phares de la campagne de Bruno Retailleau : obtenir l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes afin de pouvoir mettre en route la construction du futur aéroport dans la foulée. Le futur président des Pays de la Loire  - il sera élu vendredi - a sans attendre cette échéance rencontré Manuel Valls ce mardi à 17h30.
Bruno Retailleau a de nouveau insisté "sur le rôle essentiel pour le développement et l'emploi en Pays de la Loire. C'est d'autant plus important dans la nouvelle configuration territoriale avec des régions françaises et européennes mastodontes." Il a demandé que l'Etat montre sa volonté d'évacuer la ZAD le plus rapidement possible. "Manuel Valls a effectivement confirmé qu'il souhaitait la construction de l'aéroport", fait savoir l'entourage de Bruno Retailleau. L'intéressé ajoute : "Le Premier Ministre m'a confirmé sa volonté d'engager les travaux. Je lui ai dit que je serai très attentif au calendrier, qui témoignera de la volonté et de la capacité du Gouvernement à assurer la sécurité et la compétitivité des Pays de la Loire."

Dissonances entre le coût de cet aéroport (environ 581 millions d'euros) et le montant de la dette de la France, qui continue à filer dans le rouge. En parallèle on nous mentionne que le maintien de l'aéroport de Nantes Atlantique coûterait plus cher (là je ne prononcerai pas sur ces chiffres n'étant pas suffisamment expert, je vous laisse juger avec l'article suivant : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/02/28/20002-20140228ARTFIG00155-notre-dame-des-landes-faut-il-vraiment-investir-dans-un-nouvel-aeroport.php )

Dissonances dans le jeu politique avec EELV (Europe-Ecologie les Verts) qui veut à nouveau se rapprocher du PS (http://www.lepoint.fr/societe/duflot-tend-la-main-a-hollande-pour-batir-une-coalition-avec-ecologistes-et-communistes-15-12-2015-1990158_23.php) comme en 2012 alors que la question de l'aéroport de Notre Dame des Landes avait été l'une des pommes de discordes (avec l'écotaxe, la fiscalité sur le diesel...) entre le gouvernement socialiste et EELV.

Dissonances entre le fait que l'on veuille redynamiser le Sud Loire en lui retirant cette manne d'emplois qu'est l'aéroport de Nantes-Atlantiques, que l'on va soi-disant redistribuer au nord. Et concrètement, après la fermeture de Nantes Atlantique, on va faire quoi pour l'économie qui s'était constituée à proximité ?

Dissonances toujours, entre ce que l'on nous chante depuis des décennies ("il faut construire cet aéroport car Nantes Atlantique est saturé"), et la réalité (voir l'article cité plus bas), entre le global (le tourdion des élus nationaux et nantais qui dansent toujours sur la même rengaine) et le local (où l'on se rend compte que personne ne veut de cet aéroport sur le terrain, et que ce projet, datant des années 1960 n'est plus forcément adapté aux réalités actuelles)

Je terminerai, en guise d'illustration de mes derniers propos, en citant l'article du journal de la Mée, “Notre dame des Luttes”, du 7 janvier 2013, très instructif, où il est question d'un débat public à Saffré (44) sur la construction de cet aéroport:

Thierry Masson, pilote de ligne, a donné des arguments techniques sur la longueur de la piste, sur le bruit, sur le nombre de passagers. D’où il résulte que Nantes-Atlantique n’est pas surchargé, et n’est pas dangereux. On peut les trouver ici

Par exemple : La France compte plus de 156 aéroports (475 en comptant les aérodromes), contre 45 en Allemagne(102 avec les aérodromes) et 160 en Grande-Bretagne (357 avec les aérodromes)

L’aéroport actuel de Nantes Atlantique s’étend sur 320 hectares. Sa piste mesure 2 900 mètres par 45 mètres. Elle permettrait d’absorber 35 avions par heure, même s’il n’y en a que 10 à 12 actuellement.

Par sa superficie, Nantes Atlantique a déjà la dimension d’un aéroport international.

En 2011, pour 60 800 mouvements, l’aéroport a reçu 3,2 millions de passagers. Sa surface est moitié de celle de l’aéroport Gatwick à Londres, qui, par comparaison, assure 280 000 mouvements par an et reçoit 31 millions de passagers, et quasi- égale à celle de l’aéroport de San Diego, en Californie (USA) qui voit passer annuellement 223 000 mouvements et achemine 17 millions de passagers. L’aéroport de Genève, qui ne possède qu’une seule piste, accueille 10 millions de passagers par an, 170 000 mouvements d’avions, et occupe 340 hectares.
En fait, ce qui sature un aéroport ce n’est pas le nombre de passagers mais bien évidemment le nombre de décollages/atterrissages, et sur ce point Nantes Atlantique est passé de 54 858 mouvements en 2007 à 60 800 mouvements en 2011. En suivant cette courbe, Nantes Atlantique devrait atteindre les 200 000 mouvements en 2750 après la troisième apocalypse, quand Nantes sera devenue la capitale du monde.

Thierry Masson écrit à François Hollande : « la sécurité de Nantes Atlantique correspond aux performances détaillées par des normes les plus strictes rédigées par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (191 états membres, 1200 compagnies aériennes). Celles-ci, reprises en France par le Ministère des Transports et la Direction Générale de l’Aviation Civile, ont classé Nantes Atlantique en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune particularité référencée de type environnemental, contrainte de survol en tous genres, obstacles, espaces à particularités type industriel, militaire ou zone à sensibilités remarquables ».

Quant à moi, faute d'y voir clair, je songe à acquérir un vaste domaine (mais pas à Notre Dame des Landes vu le contexte) pour la culture du paradoxe, qui me semble être d’un excellent rendement (et qui pousse très vite, même en hiver). A mes concitoyens de Savenay et Saint-Etienne de Montluc : si vous avez un grand terrain de libre, je suis preneur.

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